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Clotilde Maillard

Profondément convaincue par la richesse et les possibilités infinies de la représentation picturale, j’explore une large variété de supports : toile, bois, plexiglas, carton, papier, tissu, tapisserie. J’expérimente également avec diverses techniques, telles que l’huile, la tempera, l’acrylique, la glycéro, l’encre, le pastel ou encore le fusain. Je m’intéresse à tous les genres artistiques : portrait, paysage, modèle vivant, abstraction figurative, et bien d’autres. Ce qui guide mon art, avant tout, c’est l’émotion que je ressens face à mon environnement. Ces émotions m’inspirent des images mentales, dont certaines s’imposent comme une évidence, dictant mes choix de dimensions, de couleurs et de contexte.

Je suis collectionneuse passionnée de photographies et de films familiaux, et d’échantillons de tissus et couleurs pour nourrir et orienter mon processus créatif. Mon ambition est de peindre l’universel, dans l’espoir que chaque œuvre puisse toucher les spectateurs.

Je suis membre du collectif Dessiner le Vivant, un collectif d’artistes engagé dans la représentation de la vie en mouvement. Chacun de nous exprime cette thématique à travers ses propres techniques : peinture, dessin, gravure ou encore impression sur tissu. Ensemble, nous avons exploré des thèmes variés tels que le tango, la danse contemporaine ou encore les chevaux. Pour notre projet autour du tango, nous avons observé des performances données par un couple de danseurs professionnels, d’abord en présentiel, puis via Zoom pendant la pandémie. Cette collaboration a culminé avec une performance publique, où nous dessinions et filmions en direct le couple en train de danser, inspirant ainsi un corpus d’œuvres dédiées au tango.

Je réalise également des commandes, ce qui me procure une douce montée d’adrénaline, et je reste ouverte à toute proposition artistique.

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Deeply convinced of the richness and infinite possibilities of pictorial representation, I explore a wide variety of media: canvas, wood, plexiglass, cardboard, paper, fabric, and tapestry. I also experiment with various techniques, such as oil, tempera, acrylic, alkyd, ink, pastel, and charcoal. I am interested in all artistic genres: portrait, landscape, live model, figurative abstraction, and many others. What guides my art above all is the emotion I feel when faced with my environment. These emotions inspire mental images, some of which emerge as self-evident, dictating my choices of dimensions, colors, and context.

Passionate about my craft, I collect family photographs and films, and fabric and colour samples to nurture and guide my creative process. My ambition is to paint the universal, with the hope that each piece might resonate with viewers.

I am a member of Draw the Living collective, a group of artists dedicated to depicting life in motion. Each of us expresses this theme through various techniques, including painting, drawing, engraving, and fabric printing. Together, we have explored various themes, such as tango, contemporary dance, and horses. For our tango project, we observed performances by a professional dance couple, first in person and later via Zoom during the pandemic. This collaboration culminated in a public performance where we drew and filmed the couple live as they danced, inspiring a corpus of tango-themed works.

I also take on commissions, which bring me a delightful sense of adrenaline, and I am open to any artistic proposals. 

 

Armel Ferroudj-Bégou

EN CORPS ET ENCORE

Longtemps, dans le grand salon de la maison, Clotilde Maillard enfant, a rêvé devant les tableaux d’Émile Maillard, son arrière grand-père, Peintre officiel de la Marine. Évasion, admiration et naissance d’une passion. Un savoir-faire exemplaire qu’elle apprendra et peaufinera à l’académie Julian, dans la classe de dessin de Roland Guillaumel, grand prix de Rome de sculpture. Puis le grand saut avec les pinceaux.

L’envie. Son trait précis capte tout ce qui vit. Sa palette alerte colore l’émotion et la met en lumière. L’acuité. Portraitiste aiguisée, c’est un festival de gueules et autant de sentiments cachés, couchés sur la toile. Sa famille, ses amis, ses rencontres. Un réalisme comme une radiographie teintée d’humour décalé. Des corps en mouvement saisis au bon moment. Surtout les femmes qu’elle chérie et glorifie d’une pudeur provocante et qui vous toisent, nues, en contre-plongée, du haut de leurs longues jambes. La résilience, ou, petite fille, elle court apaisée en oubliant parmi les oies bienveillantes, la tristesse lissée d’un traumatisme passé.

L’observation. Même ses paysages habités, respirent et inspirent.« Je doute souvent mais j’ose toujours », dit-elle. Elle a raison, car c’est par nos failles que passe la lumière…

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In the Grand Salon of her French home Clotilde Mailllard, as a child, spent long hours dreaming as she studied the paintings of her great grandfather artist Emile Maillard who, in 1891 had been appointed official painter for the French Navy.

From this period of escapism & admiration a passion was born. Spurred on by his exemplary expertise she will continue to study & refine her work at the Académie Julian in Paris in the drawing class of Roland Guillaumel (who in 1951 was awarded the Grand Prix de Rome for Sculpture) before taking up her paint brushes to begin her career as an artist.

Her desire is to capture everything that lives and with precise brush strokes & a lively palette to bring colour & light to the emotion she portrays.

Visual awareness is apparent in her polished style in portraiture – a festival of faces (family, friends, encounters) so many hidden feelings revealed on the canvas, producing wonderful likenesses, often tinged with her quirky sense of humour. As a figurative painter she captures bodies in motion at the right time, above all of women whom she cherishes & glorifies. They look down at you from the top of their long legs. Her resilience dates from her childhood when she ran among the benevolent geese, accepting the traumas of the past.

She shows her powers of observation with her inhabited landscapes which appear to breathe & are a source of inspiration.

“I often doubt but I always dare,” she says. She is right because it is through our faults that light passes.

Maguy Tordjman

Clotilde Maillard fait des visages des paysages.

Elle figure la puissance d’une présence et son mystère irréductible, elle se saisit des peaux, des yeux, des mains. Ainsi en va-t-il des gueules en gros plans, vibrantes et insondables. Ainsi les mises en scène de groupes, anecdotiques comme des peintures de circonstances, dont les modèles ont une pose désinvolte mais parcourue de tension dramatique (par-delà le halo des identités, une sourde présence d’un invisible qui pèse).

Plusieurs huiles sur toiles sont des   allégories : « La luette indécente », « L’Oie Blanche », « Dissonance cognitive ». Dans ce dernier tableau au titre abstrait, elle campe une bourgeoise en fourrure, lèvres fines, yeux perçants, à la toque en feu renard. Cependant, la vigne aux grains mûrs appétissants, qu’on voudrait mordre mais qu’on ne peut atteindre, nous rappelle l’apologue “Le Renard et les Raisins” de La Fontaine, je ne boirai pas de ton eau…

Elle chemine, elle a cette quête exigeante où voir et savoir s’enlacent, elle s’emploie avec détermination à regarder pour garder, à prendre et comprendre, à deviner. Sur la toile, son pinceau est avide de la richesse sémantique du verbe “figurer”. Ainsi son bestiaire de chats roux aux yeux scrutateurs (Maître Chat, Midi en été), d’un hippopotame immergé dans des eaux saumâtres tandis qu’un jeune railleur ricane, doigt tendu pour faire disparaître l’adolescente à la carnation rose (Co-évolution antagoniste), l’altier cheval bai dont l’ombre portée violette participe presque sereinement à la géométrie colorée des lignes tracées par le soleil et les arbres (Un soir).

Clotilde Maillard aime peindre des faces transfigurées. Dans son travail, il y a aussi des mises en scène drolatiques, des rires tonitruants, des poses extravagantes, des femmes nues qui crèvent l’écran.

Le collectif “Dessiner le vivant” auquel elle appartient décline gravures, impressions sur tissu, dessins, peintures… Deux danseurs de tango ont dansé pour eux. Elle en a fait des dessins à l’encre, dont quelques cercles bleus en parachèvent la dynamique dans une échappée rythmée. Le couple a proposé une performance étonnante : dans l’obscurité, nus,  cagoulés, gantés et chaussés de cuir rouge, ils ont chaloupé. Elle en a immortalisé des positions félines au pastel, à l’encre et à l’huile.

Il   faut aussi évoquer ses paysages qui vivent en nous quand on s’en est éloigné. Les phacélies, sensuelles, les vertes tiges si près d’être touchées, leur tenue de tête rose, souple et légère (Champs de phacélies).  L’étrange corps masculin à la surface de l’eau et sous lui, la beauté  hypnotique des végétaux qui oscillent (Immersion). Dans « La fontaine du Titan », la luxuriante, somptueuse flore qui rend une musique chromatique tandis que des statues mythologiques s’emmêlent aux flancs d’un cheval fougueux. L’eau irisée, les crépuscules, la tempête et la brume.  Et les arbres aux feuilles voilées.

Et, la lumière et les couleurs si vives..

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Clotilde Maillard imbues her landscape with faces and vice-versa…

She pictures the power of a presence and its irreducible mystery. She seizes the skin, the eyes, the hands. So it is with her vibrant and unfathomable close-up faces. Thus, her staging of groups, anecdotal like paintings of circumstances, whose models have a casual pose but are covered with dramatic tension (beyond the halo of identities, a muted presence of an invisible that weighs).

Several oils on canvases are allegories: “La luette indécente/The Indecent Uvula”, “L’Oie Blanche/The white goose”, and  “Dissonance cognitive”.  In that painting with an abstract title, she plays a bourgeoise in fur and fire foxed hat, with thin lips and piercing eyes. However, the vine with appetizing ripe grapes which one would like to bite but cannot reach, reminds us of the apologue “The Fox and the Grapes” of La Fontaine. I shall not drink your water…

She lingers on her subjects in a demanding quest where seeing and knowing interlace. Working with determined observation to keep, take, understand and guess. On the canvas, her brush is eager for the semantic richness of the verb “figure”. Thus, her bestiary of red cats with scrutinizing eyes; a hippo immersed in brackish waters while a young scoffer sneers, finger stretched to leave no trace of the teenager with pink complexion; the Bai Horse Beetle, whose purple shadow contributes almost serenely to the coloured geometry of the lines drawn by the sun and trees.

Clotilde Maillard likes to paint transfigured faces. In her work, there are also humorous stagings, thundering laughter, extravagant poses, and naked women who burst the screen. 

The collective to which she belongs “Dessiner le Vivant” (Draw The Living) offers a variety of artistic techniques like engravings, prints on fabric, drawings, and paintings. Two tango dancers danced for them. She made ink drawings of their show, of which, some blue circles complete the dynamics in a rhythmic escape. The couple presented an amazing performance: in a dark room lit just by a spheric lamp set in the middle on the floor. In their red leather nakedness they swayed, hooded, gloved and shoed. She immortalized some feline positions with pastel, ink and oil.

We must also evoke her landscapes that live in us when we have moved away from them.  Her voluptuous phacelia with their green stems so close to being touched, their pink heads holding flexible and light. The strange male body on the surface of the water, with the hypnotic beauty of the swaying plants beneath him. In “The Fountain of the Titan”, the luxuriant, sumptuous flora makes chromatic music while mythological statues intertwine on each side of a fiery horse. Iridescent water, twilights, storms, mist and trees with veiled leaves.

And light, and vivid colours…

 

Joanne Grant

I first met Clotilde Maillard at a Residential Al Fresco painting week in 2018. I could see at once that I was enjoying the honour of painting alongside an amazing artist.

Since that week we have been friends and I have had the pleasure of painting with her in her studio at home. There I was able to view the completed works still in her possession and to appreciate the quality of her painting first hand. I remember particularly her work from her Tango Exhibition which had just ended. She had caught the movement of the dancers so perfectly that I half expected them to move out of the canvas! These are beautiful compositions reflecting the sensuous nature of the dance and the relationships between the dancers so well.

Several paintings illustrate remembered childhood moments in Clotilde Maillard’s young life and one can recognize one’s own angry distress while being teased by a sibling (Co-évolution antagoniste), or the wonderful release of running away into nature after an unpleasant event – in her case, dancing out among beautiful white geese (L’oie Blanche). The emotions are captured in beautiful works of art.

Clotilde Maillard’s oil landscapes are amazing. Her observational skills are so keen and she captures not only the view but the sense of the place as well. They are accomplished and beautifully painted. I personally love the extra dimension of fulsomeness and vibrancy that her ink landscapes hold too.

In my view, Clotilde Maillard excels as a portrait painter. The work is honest. I don’t detect any sentimentality. At times there are little hints of stylisation which are artistically important in her interpretation of her subject. Her style is sometimes a little graphic, which I love. Her master of drawing and colour both come together to bring us a sense of the character of the sitter. These are some of the attributes which I think make Clotilde Maillard the unique painter that she is today, whatever she is painting.

Again, and very subjectively, I have to admit to a special delight in her ink portraits where I feel a flow with a slightly different sensitivity and colours that are so clear and luminous.

Whether she is painting to celebrate the female form or to capture a moment in time or to smile a little with her sitter or to create the beautv she ses in Nature, Clotilde Maillard demonstrates time and again that she is master of her art and I look forward to seing where her journey takes her on her road into the future.

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J’ai rencontré Clotilde Maillard pour la première fois lors d’un stage résidentiel de peinture sur le motif en 2018. J’ai pu comprendre immédiatement l’honneur que j’avais de peindre aux côtés d’une artiste incroyable.

Depuis cette semaine nous sommes devenues amies et j’ai eu le plaisir de peindre avec elle dans son atelier dans le sud de la France. Là, j’ai pu voir les œuvres achevées encore en sa possession et apprécier la qualité de sa peinture de première main. Je me souviens particulièrement de son travail pour l’exposition sur le Tango qui venait de se terminer. Elle avait saisi le mouvement des danseurs si parfaitement que je m’attendais à moitié à ce qu’ils sortent de la toile ! Ce sont de belles compositions reflétant parfaitement bien la nature sensuelle de la danse et les relations entre les danseurs.

Plusieurs peintures illustrent des moments de l’enfance de Clotilde Maillard. Chacun peut y reconnaître son propre désarroi et sa colère face aux humiliations d’un frère (Co-évolution antagoniste); ou encore la sensation merveilleuse de danser dans la nature après un événement libérateur, dans son cas, danser parmi de belles oies blanches (L’Oie Blanche). Ces émotions sont capturées dans de belles œuvres d’art. Les paysages à l’huile de Clotilde Maillard sont étonnants. Ses compétences d’observation sont si vives que non seulement elle saisit ce qu’elle voit, mais également l’esprit du lieu. Ils sont accomplis et magnifiquement peints. Personnellement, j’ai un penchant pour ses paysages à l’encre qui détiennent une dimension supplémentaire de plénitude et de  vivacité .

À mon avis, Clotilde Maillard excelle comme portraitiste. Le travail est honnête. Je ne vois pas de sentimentalité. Parfois, il y a de petites touches de stylisation qui sont artistiquement importantes dans l’interprétation de son sujet. Son style est parfois un peu graphique, ce que j’adore. Sa maîtrise du dessin et de la couleur s’unissent pour nous donner une idée du caractère du modèle. Ce sont là quelques-uns des attributs qui font de Clotilde Maillard la peintre unique qu’elle est aujourd’hui, quel que soit le sujet de sa peinture.

Encore une fois, et très subjectivement, je dois avouer un penchant particulier pour ses portraits à l’encre. On y sent un mouvement d’une sensibilité légèrement différente avec des couleurs vives et lumineuses.

Qu’elle peigne pour célébrer la forme féminine, ou pour saisir un moment dans le temps, ou pour sourire un peu avec son modèle, ou pour créer la beauté qu’elle voit dans la nature, Clotilde Maillard démontre à maintes reprises qu’elle est maître de son art et j’ai hâte de voir où son voyage la mènera sur sa route vers l’avenir.